samedi 22 novembre 2008

Cythère (Jules Laforgue)

Le comptoir des vers et sa carte continuent ce samedi pluvio-neigeux avec un petit Jules Laforgue qui nous embarque pour Cythère sans commentaire mais au vocabulaire alambiqué.

La carte du comptoir des vers fait donc aujourd'hui une pause de Louis Aragon (Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Que serais-je sans toi ?, J'arrive où je suis étranger), de
Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Marizibill, La Victoire, Le Chef de Section, Chant de l'Horizon en Champagne, Le Vigneron Champenois, Dans l'Abri-caverne, Annie, A la Santé ...) et dArthur Rimbaud (Voyelles, Sensations, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, le Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne).


Quel lys sut ombrager ma sieste ?

C'était (ah ne sais plus comme !) au bois trop sacré

Où fleurir n'est pas un secret.

Et j'étais fui comme la peste.

Je ne suis pas une âme leste !

Ai-je dit alors et leurs choeurs m'ont chanté : Reste.

Et la plus grande, oh ! si mienne ! m'a expliqué

La floraison sans commentaires

De cette hermétique Cythère

Au sein des mers comme un bosquet,

Et comment quelques couples vraiment distingués

Un soir ici ont débarqué ....

Non la nuit ne sait pas de pelouses,

D'un velours bleu plus brave que ces lents vallons !

Plus invitant au : dévalons !

Et déjoueur des airs d'épouse !

Et qui telle une chair jalouse,

En ses accrocs plus éperdûment se recouse ! ...

Et la faune et la flore étant comme ça vient,

On va comme ça vient ; des roses

Les sens ; des floraisons les poses ;

Nul souci du tien et du mien ;

Quant à des classements en chrétiens et païens,

Ni le climat ni les moyens.

Oui, fleurs de vie en confidences,

Mains oisives dans les toisons aux gros midis,

Tatouages des concettis ;

L'un mimant d'inédites danses,

L'autre sur la piste d'essences ...

Eh quoi ? Nouveau-venu, vos larmes recommencent !

Réveil meurtri, je m'en irai je sais bien où ;

Un terrain vague, des clôtures,

Un âne plein de foi pâture

Des talons perdus sans dégoût,

Et brait vers moi (me sachant aussi rosse et doux)

Que je desserre son licou.